« Vous voulez connaître mon histoire ? Comme vous voulez. Mais je vous préviens, elle n'est pas très passionnante.

Si vous ne le savez pas déjà, je suis une Ange. Enfin... comprenez par là que c'est mon espèce. Je n'aime pas le dire ouvertement, les gens se font ensuite une idée toute tracée : celle de la nunuche naïve par excellence. Mais avant d'en venir à ce que j'en pense aujourd'hui... je suppose que vous voulez savoir de quelle famille je proviens, non ?

Mes deux parents étaient des anges, ainsi que mes grands parents et tout le reste de ma lignée. Nous n'avons jamais manqué de rien, et surtout pas d'amour ! Je baignais dedans. Et comme si cela ne suffisait pas, tous me voyaient comme la succetrice parfaite. Encore plus lorsque la confirmation fut donnée que je resterais au sein du même ordre. Oh non, personne ne m'y a obligé. Je crois même que s'ils n'avaient pas disparus... Je serais devenue comme eux. Et ça ne m'aurait pas dérangé le moins du monde. On respectait ma famille, personne ne venait nous chercher des ennuis. C'était ainsi depuis des générations et des générations, jusqu'à moi. Jusqu'à ce jour.

C'était tout juste le lendemain de la cérémonie, celle où les 4 pierres ont été alignées devant moi, et que j'ai choisis celle dont la vue me réchauffait le cœur, me rassurait. Ils étaient tous là pour moi, la fête continuait et battait son plein. Et là... j'ignore encore ce qu'il s'est passé, mais notre maison a explosé. Presque aucun mur n'a résisté. Les secours m'ont retrouvé quelques heures plus tard sous les décombres, dans les bras sévèrement brûlés de ma mère avec pour seules blessures quelques égratignures. Ils m'ont tout de même gardée en observation à l'hôpital et de toute façon, ça ne pouvait déranger personne puisqu'ils n'ont retrouvé que moi encore en vie. Les médecins ont ainsi put découvrir mon pouvoir, car les quelques blessures superficielles que j'avais se sont refermées deux fois plus vite que la normale.

Par la suite, j'ai été placée en famille d’accueil. Mais ça s'est mal passé. Je crois qu'ils me prenaient plus pour une machine à guérir qu'autre chose, j'utilisais mon pouvoir tellement souvent que j'étais très souvent épuisée. Le choc dut à la disparition de ma famille n'avait rien arrangé dans le début de nos relations. Ça a duré jusqu'à mes 6 ans. Si un enfer prenait fin, un autre commençait. Je passais de famille en famille, et ce pendant près de 4 ans. J'étais intenable, lunatique, je faisais des crises d'angoisse, des cauchemars constants où cette explosion me réveillait sans cesse. A l'école on me voyait comme une petite sainte. Je crois que c'est à ce moment que j'ai voulu prouver aux autres que j'avais mon propre caractère, et qu'il n'était pas réunit qu'en un seul mot. J'ai finis par tomber chez un agriculteur. Il possédait des vaches et quelques chevaux. Et bien, je me suis d'abord attachée à ses bêtes avant de pouvoir lui faire confiance ! Sa femme était gentille aussi, au final. Lui était un hybride et elle, une mage. Elle avait le don d’influencer les humeurs de ceux qui l'entourent et je crois que ça lui a bien servit avec moi. J'ai finis par me radoucir, mais c'était surtout grâce au cheval qu'ils m'avaient attribué. Tous les deux on étaient devenus inséparables. J'ai apprit à monter avec lui et j'y ai vite prit goût. Je l'emmenais en balades très souvent, accompagnée de Mary. C'était un amie, elle avait deux ans de plus que moi et c'était la seule qui arrivait à vraiment avoir ma considération. Car même si mes crises d'angoisse étaient désormais des souvenirs, je gardais toujours malgré moi une certaine distance avec mes parents adoptifs.

Un jour, lors d'une balade à cheval, Mary et moi nous sommes faites surprendre par un chasseur non loin. Son coup de fusil a affolé mon cheval qui a détallé le plus vite possible. Avant même que je ne réussisse à le calmer, nous sommes tombés sur une pente abrupte. La chute m'a parut interminable. Coincée, Mary est arrivée peut de temps après et m'a aidé à me dégager de la fosse où je m'étais empêtrée. Quelques pas plus loin, mon compagnon souffrait terriblement et n'arrivait pas à se relever. « Je... je crois qu'il s'est cassé une jambe ! » Elle avait raison. La panique a commencé à me gagner et je me suis précipitée vers lui. Qu'importe ce que je pouvais avoir, j'ai concentré tout mon pouvoir sur ce fichu membre. Mary m'a hurlé d'arrêter, que j'allais finir par me faire du mal. Je l'ai bien sentie cette énergie qui me quittais, mais je n'ai pas lâché. Jusqu'à ce que je perde conscience. C'était une fierté pour moi, quand je me suis réveillée le lendemain j'ai appris que mon cheval n'avait plus rien. Le soulagement que j'ai ressentis était incroyable, parce que je savais très bien que faute de moyens, il aurait été directement condamné si je n'avais pas réussit à le guérir ! Mary quant à elle n'a pas su m'en vouloir très longtemps..

Les années défilèrent puis nous sommes devenues adolescentes. Aaah ce besoin d'indépendance... les parents de Mary s'y sont moins bien pris que les miens, alors elle a commencé à changer. Ma pseudo famille trouvait qu'elle était une "mauvaise fréquentation". Mais je l'aimais, moi. Un peu trop pour mes parents adoptifs. Sa famille a finit par l'envoyer je ne sais où. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée seule avec mon cheval. Puis complètement seule puisqu'il a finit par mourir de vieillesse. Alors, j'ai repensé à mon ancienne vie. La première. Je ne m'en souviens pas très bien, la majeure partie de ce que j'ai pu dire me proviens du journal que mes parents m'ont léguer à leur mort. Je me suis demandée si ils auraient eut la même réaction. Non. Je ne pense pas, j'en suis même sûre.

J'ai finis par partir, purement et simplement. J'ai quitté cet endroit qui n'avait plus rien à m'offrir, et qui m'avais en quelque sorte profondément trahie. »